Sous-titre : "Liens transgénérationnels, secrets de famille, syndrome d'anniversaire, transmission des traumatismes",
C'est un livre d'Anne Ancelin Schutzenberger que Martine m'a offert il y a des années et, en attendant les réponses de Michèle et Cétara, j'ouvre ce sujet pour regrouper les 3 tyrans familiaux dont j'ai parlé ces derniers jours.
Je suppose qu'on a tous des anecdotes de famille sur des comportements qui nous paraissent maintenant d'un autre âge mais qui étaient apparemment monnaie courante (en d'autres lieux, à notre époque, ils sont toujours en vigueur !!!).
Mon arrière-grand-père Castanier :
Le père de ma grand-mère (épouse Pouget), né en 1860, Joseph Siméon, c'est tout ce que sais de lui et je vais le massacrer dans mon arbre généalogique avec ce que Daniel a trouvé dernièrement sur mon grand-père Pouget.
Comme je l'ai raconté l'autre fois : mon grand-père (né en 1897) s'était donc comporté en héros pendant la guerre de 1914-1918, il rencontre ma grand-mère, 4 ans de plus que lui, de Montagnac. Il en tombe fou amoureux. Un jour, fièvre de cheval mais il voulait la voir (je crois me souvenir que ma tante m'avait dit qu'ils étaient déjà fiancés), il fait LP-Montagnac à pied, le père de ma grand-mère (elle avait déjà 25 ans) refuse qu'il la voie, il s'en est retourné à LP avec ses 40 de fièvre.
Et dire que j'ai un peu de sang dans les veines de ce gus !!!
Le "grand-père" pied-noir de mon ex-mari :
La grand-mère maternelle mangeait avec les enfants avant que son mari ne rentre, il se mettait seul à table et elle le servait, debout. Quand il ne commençait pas à manger, c'est qu'il manquait quelque chose mais il ne disait pas quoi, et ce n'était pas un jeu, il était sérieux. L'épouse et les enfants devaient vite chercher ce qui avait été oublié (le sel ? le poivre ? le pain ?) et réparer l'oubli.
Il y avait dans cette famille 7 enfants de 4 lits différents :
- lui était veuf avec 2 filles.
- elle était veuve avec 1 fille (qui portait le nom de son père).
- ils se marient et ont ensemble 2 autres filles.
- là-dessus, une de ses soeurs à elle meurt en couches. Pour soulager le beau-frère veuf avec déjà plusieurs enfants, ils décident tous d'un commun accord que le couple élèvera le bébé (mon ex-belle-mère, qui portait le nom de son vrai père) avec les siens. La mère de mon ex-mari a donc toujours considéré cette nouvelle famille (à la ville) comme la sienne et n'aimait pas aller dans sa vraie famille à la campagne.
Le grand-père ne devait donc sans doute pas être le mauvais bougre : pour accepter une bouche de plus à nourrir en 1931, qui n'était pas de son sang directement en plus, il fallait avoir un bon coeur.
Ils en étaient à 6 filles en tout. Ils ont un dernier enfant ensemble : un fils. Toutes les petites ont dit qu'ils étaient récompensés de leur bonne action. Les 2 mecs étaient comme des pachas avec ce harem !!!
Mon grand-père Targa :
Ma marraine et ma mère étaient persuadées qu'il l'aurait fait si elles s'étaient pointées en cloque à la maison sans être mariées. Leit-motiv de leur enfance et de leur adolescence : "Ne me faites pas baisser les yeux ou je vous fous au fond du puits".
Il a refusé 3 prétendants à ma marraine parce qu'ils "ne travaillaient pas la terre". Comme m'a dit une amie : si ça avait été l'homme de sa vie, elle se serait tirée avec lui et aurait mis son père devant le fait accompli et basta. Il aurait fallu oser...
Il a dû être un père particulier. Mais comme grand-père, rien à reprocher, pourtant on vivait chez mes grands-parents Targa avec ma mère et ma soeur.
Bon, il ne fallait pas faire de bruit quand il faisait sa sieste tous les jours. Mais ce n'était valable que pendant les vacances, sinon on était à l'école. Alors, on se tenait tranquilles avec ma soeur.
Il ne participait pas aux fêtes de famille, plusieurs fois par an, un ours. Mais il n'était bien que dans ses vignes, son jardin, au café avec son groupe, à jouer aux cartes.
Il me donnait la pièce chaque fois que j'étais 1e à l'école.
Il n'y a qu'une fois où j'ai senti passer le vent de la guillotine : ma soeur et moi, on avait décidé de lui faire un poisson d'avril, on était toutes petites. Il était dans le jardin à retourner les pommes de terre (je le revois encore), on l'appelle et on lui dit que quelqu'un le demande à la porte, il vient, il n'y avait personne, "Poisson d'avril" en rigolant, il est retourné à ses patates sans un mot, un sourire, rien. On ne lui a plus jamais fait de blague, de canular, ni quoi que ce soit du genre.
L'enfant est le père de l'homme (William Wordsworth)