La naissance de La Peyrade
L'histoire de la naissance de notre village a été publiée en avril 1975, par notre historien local Mr Blanc. La voici reproduite dans son intégralité .Laissons lui la parole.
La métairie de Pascal et le mas du Blanquet:
Le roi Louis XIV décida sur les indications de son ministre Colbert, de créer un port dans le golfe du lion, pour servir de base à ses galères et à ses frégates.
Louis XIV Colbert
A l'abri des forts vents du nord ouest, grâce au mont St Clair qui était alors une île, les navires de la flotte royale pourraient désormais mieux surveiller les eaux du golfe que sillonnaient en temps de guerre les flottes ennemies et en temps de paix les navires rapides des pirates barbaresques venus d'Alger de Tripoli et de Tunis. Base nouvelle crée en 1666, Port Louis ainsi baptisé en l'honneur du roi, devait devenir aussi et surtout un port de commerce, quand en 1673, Colbert décida de fonder une ville qui fût baptisé "Cette", du nom de l'île de Cette qui était son berceau
En juillet 1666, au moment de la fondation officielle du port, l'île était peu peuplée, la pointe du Barrou avait une faible population de pêcheurs, de paysans et de chaufourniers qui fournissaient de chaux la ville d'Agde. Le grau qui ceinturait l'île à l'Est était bordé de quelques cabanes occupées par des pêcheurs frontignanais. Ce ne sont pas ces quelques Sétoriens qui pouvaient fournir les ouvriers aux entreprises occupées à construire le môle Saint Louis.Il fallut faire appel à la main d'oeuvre, à celle de la Thaurive, installée dans les villages des bords de l'étang de Thau et sirtout celle de Frontignan.Les habitants de Mèze, Bouzigues et Balaruc, s'installaient dans l'île pour plusieurs semaines, et venaient en barque.Par contre ceux de Frontignan allaient travailler tous les jours, arrivant le matin et repartant la journée finie. Les frontignanais avaient donc à faire journellement une marche assez longue et surtout pénible, car ils leur fallaient passer à gué l'étang d'Ingril qui séparait le continent de la plage et qui alors sur notre territoire actuel communiquait avec l'étang de Thau par un goulet étroit.Les négociants frontignanais utilisaient cet étang pour commercer par barques avec les ports de la Thaurive, et de là pouvaient gagner Pézenas et Béziers.
Le mas du Blanquet et la métairie Pascal (sans doute un consul de Frontignan)occupaient alors en grande partie le terrain occupé par l'agglomération de La Peyrade.
Paul Riquet et La Peyrade:
La métairie de Pascal,située au sud de l'actuelle mairie (Fernadié, Villaro)était limitée par le nord de l'étang dans lesquels se déversaient au cours des longues périodes de pluies les eaux et les limons d'un ruisseau encore aujourd'hui temporaire.Ce ruisseau passe sous la route grâce à un ponceau situé à côté des écoles en bas du jardin de Mr Séries.
Au cours des siècles les atterrissements de cet "oued" se déversant dans l'étang en avaient diminué la profondeur. Aussi les jours de mistral on pouvait le franchir à gué pour atteindre la mer.C'est ce gué, dans une des parties les plus étroites de l'étang, que les frontignanais empruntaient pour se rendre à leur travail dans l'île de Cette.Lorsque les eaux de mer pénétraient dans l'étang, la traversée du gué était rendue difficile. Quand Paul Riquet
Paul Riquet
le constructeur du canal des deux mers eut pris en main les travaux du port de Cette, il fit construire à ses frais pour faciliter l'accès au chantier, une jetée à l'endroit ou les eaux de l'étang étaient peu profondes puisque l'endroit était presque guéable naturellement. Cette jetée était une digue basse et étroite constituée par de grosses pierres extraites de la garrigue voisine (certainement l'une des carrières de l'actuelle cité Paul Riquet ou de la carrière de la route de Balaruc)
Carrière de la cité Paul Riquet
(ex cité des Carrières)
Cette digue fut dénommée "Peirade" par les ouvriers qui ne parlaient que la langue d'oc qui désignait la "chaussée de pierres".Cette "Peirade" devint un lieu dit que l'on appela "La Peyrade".
la première "peirade"
La "peirade",la chaussée de pierre facilita la traversée de l'étang par les piétons. Elle faisait communiquer facilement la plage de la mer et le continent, toutefois elle n'était pas continue.Il avait fallu laisser sur la rive continentale un passage pour les barques allant de Frontignan à Mèze ou au nouveau port de Cette. Aussi à l'extrémité Nord de "La Peirade" se trouvait un bac qui reliait les deux rives distantes de quelques mètres seulement.
Le péage:
Paul Riquet qui avait fait construire à ses frais cette "peirade"et y avait installé un bac et un batelier, obtint la création d'un péage que devaient verser tous ceux qui empruntaient cette nouvelle voie.Le développement du port et de la ville devait amener un trafic de plus en plus intense entre Cette et le continent.Le chemin de la "peirade" à Frontignan et à Montpellier n'étant guère carrossable, il fut décidé de relier Cette à Montpellier par notre route nationale 113. La chaussée de Riquet fût alors reliée par l'actuelle avenue du stade et par la rue des écoles à Frescaly (avant Issanka)ou se trouvait l'embranchement vers Béziers et Montpellier.
Arrivée de la première peirade
Rue des écoles vers la RN 113
Par suite de l'augmentation de roulage, la peirade fût améliorée, des ouvertures furent aménagées avec des ponts dormants qui facilitèrent le passage des eaux et un pont à tablier mobile qui remplaça le bac et permit la circulation des barques avec leur mât et leur voile. La construction de cette voie à travers l'étang d'Ingril devint au début du XVIII ème siècle une source de revenus pour les héritiers de Riquet, qui entrèrent en procès avec les Bénédictins d'Aniane qui se prétendaient propriétaires de l'étang en vertu des chartes anciennes et qui voulaient participer aux revenus du péage. Les consuls de Frontignan firent un procès et prétendaient à leur tour avoir une part de bénéfices.
Conflits autour du péage:
Les consuls de Cette et leurs administrés, quant a eux, regardaient d'un mauvais oeil toutes ces discussions car les péages ne cessaient d'augmenter.Ainsi un âne entrant à Cette et en sortant devait payer six deniers, s'il était chargé un sol. Le paysan qui le conduisait, six autres deniers, c'est à dire trois sols.Comme une charge de bois valait alors douze sols rendue à Cette,la même charge se payait quinze sols. il fallait payer encore dix sols pour cent moutons et huit sols pour un carrosse.
Heureux Cettois:
Les Cettois exemptés d'impôts par Louis XIV, en 1673, admettaient mal d'être obligés de payer pour rentrer dans leur île ou pour en sortir, aussi demandèrent ils au roi la suppression du péage. Ils s'engagèrent alors en cas de victoire "d'entretenir la chaussée, et même de construire un pont sur le canal".
Le pont de La Peyrade:
Il faudra attendre l'année 1720 pour voir naître l'idée de la construction d'une belle chaussée en pierre de taille percée de 52 arches appelé pont de La Peyrade et construite à l'ouest de la chaussée de Riquet. C'est le pont aujourd'hui abandonné et qui débouchait en face de l'allée du château de la Bordelaise d'alors, du château de La Peyrade aujourd'hui.C'était l'endroit le moins large entre la plage et le continent.Le pont fût l'unique voie d'accès au port de Cette jusqu'en 1928 quand fût ouverte la route de Sète à Agde.La tête sétoise de ce magnifique pont de pierre était garnie par deux petits forts à la Vauban.
Fortification du pont de La Peyrade
Bout du pont de La Peyrade style Vauban
L'un d'eux (mis à jour dernièrement) existait dans les années 1960, en face le pont de chemin de fer qui enjambe le canal, le second est entérré sous la troisième Peirade qui fût construite quelques années avant la seconde guerre mondiale en 1931 pour supprimer les inconvénient du passage à niveau.
Le petit train:
Cette troisième chaussée, les anciens La Peyradois l'ont vu construire et se souviennent du petit train qui venait de la Gardiole traverser le village pour aller déverser dans l'étang les pierres de cette nouvelle voies qui relie aujourd'hui le port de Sète au continent et que nous empruntons journellement.
L'agglomération de La Peyrade est donc née de la construction d'une chaussée de pierre à l'entrée de laquelle le batelier du bac de Riquet et le pontier ensuite ont construit les premières maisons, le prolongement de la route de Balaruc jusqu'au pont au 52 arches,traçant l'axe principal du village. Quelques maisons se construisirent. Chacune eut son puits rempli d'eau excellente et que les propriétaires allèrent vendre à Sète et Frontignan, au lendemain de la guerre de 1914-1918, les frontignanais en achetaient encore. Au siècle dernier les constructions de la voie ferrée et de l'usine à gaz amenèrent de nouvelles familles.La construction au delà du pont, des chantiers généraux, les usines de la Bordelaise et de Lafarge, l'arrivée des françàis d'Algérie, l'exode des Sétois recherchant la proximité de la nature, tout cela n'a cessé d'accroître le nombre des habitants.
Un blason et un souhait:
Que de chemin parcouru depuis que Riquet déversa quelques tombereaux de pierres dans l'étang. La Peyrade est aujourd'hui une petite cité. Il lui manque un blason et si elle devait un jour en avoir un ce serait "un pont de pierre" qui devrait en être l'emblème. En terminant cet article je me permets d'ajouter que je regrette que l'on ai débaptisé la rue de "La Peyrade Vieille" pui fût la première voie du village. Au lieu de la baptiser "avenue du stade municipal" peut être eut il mieux valu l'appeler "avenue Paul Riquet" en hommage à celui qui a construit le canal du midi et le port de Sète, mais qui reste en quelque sorte le fondateur de notre cité.La cité HLM ancienne cité des Carrières a été rebaptiser "Cité Paul Riquet", peut être qu'un rue aurais été beaucoup plus judicieux.
Le blason de La Peyrade
imaginé par Mr Blanc
Le pont de La Peyrade et ses 52 arches