La Peyrade face à son destin
Depuis toujours notre quartier de La Peyrade a désiré être commune dissociée de Frontignan. Un article du Midi Libre du 26 novembre 1991, nous conte toutes ces péripéties.
Le soir du 27 juillet 1891, en prenant la décision de rejeter par 12 voix contre 3 (La Peyradoises)la demande d'érection en commune du hameau de La Peyrade, le conseil municipal de Frontignan pensait bien avoir sous l'éteignoir les velléités des La Peyradois à revendiquer leur identité.
Point névralgique sous Louis XV, avec son pont à péage , qui a longtemps désenclavé Sète sur son côté est , le petit hameau de l'époque (350 habitants et 48 maisons, n'a cessé au fil des années de se développer servi par un environnement industriel important (Lafarge, La Bordelaise, Kaiser...) pour devenir une petite bourgade de près de 4500 âmes. Se reconnaissant du même maire, Frontignan et La Peyrade possèdent chacune un corps électoral. Les élus La Peyradois siègent au conseil de la cité du muscat, et échafaudent un mini conseil se déroulant de temps en temps à La Peyrade. Avec sa mairie annexe, son stade municipal, sa propre vie associative, La Peyrade a toujours manifesté sa différence face à Frontignan, sa mère adoptive . Sur la route de Montpellier, entre La Peyrade et Frontignan, on trouve un petit raidillon plus communément appelé "la montée de Reboul".Celle ci a toujours représenté aux yeux des La Peyradois une frontière qui séparait les deux communes et entretenait au fils du temps un antagonisme et une volonté indépendantiste forte . De nos jours, ce vieux rêve n'a pas subi l'érosion du temps, et le sujet anime bien souvent les discussions sur la place de La Peyrade. Il est vrai que l'espoir de se détacher un jour de la cité du muscat pour voler enfin de ses propres ailes, a toujours été entretenu lors des différentes consultations électorales qui se sont déroulées depuis plus de 100 ans. Au moment ou les rassemblements communaux sont nécessaires, l'autonomie de La Peyrade, envisagée actuellement par le plus grand nombre est elle viable? C'est dans ce sens que Jean Louis Bonneric responsable du groupe communiste au conseil municipal de Frontignan avait adressé un courrier à l'adjoint délégué de l'époque Gerber Bourelly , tout en traitant de la réalisation de la maison des associations et de son aménagement, avait demandé:" que soit abordé dans la prochaine période, la question du statut de la deuxième section de La Peyrade, qui a fait l'objet de déclarations précises dans l'élaboration du contrat municipal de l'équipe majoritaire élue dans notre cité . Je pense que cette question ne peut attendre plus longtemps encore, tout autant qu'elle ne comporte quasiment pas d'investissements financiers particuliers , mais bel et bien une décision d'ordre politique, dans laquelle nous considérons qu'il y aura nécessité de consulter démocratiquement la population". La réponse est peut être en partie dans les mains des La Peyradois qui voudraient bien donner leurs avis et décider de leur avenir. Citons en conclusion l'intervention d'un élu Frontignanais au conseil municipal de l'époque (1891)"Si ce projet se réalise, nous sommes ruinés par l'impossibilité de vendre nos vins, que l'on ne pourrait plus appeler "Muscat de Frontignan". Nos muscats rougiraient dans nos caves si on leurs infligeaient la honte de s'appeler désormais "Vins de La Peyrade".
Alors Frontignan La Peyrade un mariage de raison ou divorce à l'italienne? L'avenir nous le dira...
Qu'en est il aujourd'hui, La Peyrade et Frontignan ne sont plus séparés par la montée de Reboul, les constructions ont fait rejoindre nos deux quartiers, simplement il faudra que les La Peyradoises et La Peyradois soient considérés au même titre que les Frontignanais et puissent profiter sur son territoire des mêmes avantages (future médiathèque, cinéma, maison des jeunes, fête du muscat, festival du roman noir etc..)
Voici les délibérés du conseil municipal de Frontignan du 24 octobre 1906.
(Source Pierres Vives, archives départementales de l'Hérault)